Carte blanche
Clôture du Festival Images Contre Nature,
Théâtre des Chartreux, Marseille
Le samedi 17 juillet 2010 à 22h
Happening !
L’invention du happening (ce qui advient là, ici et maintenant), comme forme artistique spontanée et « communauté éphémère d’agitation culturelle et politique », a correspondu dans les années 1960 à une transformation des relations entre l’art et la vie, plaçant le corps au centre de l’action ainsi que l’absence de séparation entre artistes et spectateurs. Jean-Jacques Lebel, plasticien, introducteur du happening en Europe, l’envisageait comme « subversion des structures mentales et laboratoire préparatoire des transformations politiques et révolutionnaires de son temps ».
Le happening ne peut ni ne veut remplacer une grève, un acte sexuel ou une psychanalyse ; il n’est pas spectacle mais rêve collectif. Pour appréhender une telle expérience, il faut accomplir une expérience qui fasse sauter les portes de la perception, écrivaient Jean Jacques Lebel, Carolee Schneemann, Jocelyn de Noblet, Daniel Pommereulle et Erro en 1964. Ce programme présente les archives filmées, rares et explosives, d’une forme d’insoumission radicale.
He ! Viva Dada
de Jean-Michel Humeau (1965, 39min)
Précédé d’un film-surprise
« Du happening à la pantomime, toutes les formes d’un art total ont été successivement essayées. (…) nous avons pensé que ces documents restaient une preuve de notre génération d’en finir avec les tabous, les faux semblants, le caca de notre société. Le témoignage d’un poète Allen Ginsberg nous a paru nécessaire pour éclairer de l’intérieur cette démarche proche de celle d’Artaud ou de Michaux et qui, à travers ce gâchis, cet éclatement des structures morales vise un art total pour un renouveau de l’homme. »
Magnifiquement filmé par Jean-Michel Humeau, « Hé ! Viva Dada » est un compte-rendu du deuxième Festival de la libre expression, « laboratoire des sensations », organisé par Jean-Jacques Lebel au Centre américain des Artistes, boulevard Raspail, en mai 1965.
Happenings et pièces signés Fernando Arrabal, Roland Topor, Alejandro Jodorowsky, Charlotte Moorman, et le fameux Déchirex, de Jean-Jacques Lebel, « bacchanale de la nudité, des spaghettis, et de la poésie » ! (Distribution Le peuple qui manque)
de Ben Vautier (1959-1972, 20’)
Le plasticien Ben, célèbre aujourd’hui pour ses écritures et ses slogans poétiques inspirés du quotidien, enregistre avec sa caméra, dès 1959, ses actions d’intérieur, ses spectacles de Théâtre total et ses concerts à Nice.
Il y accueille, en 1963, la tournée de Fluxus, groupe mythique d’artistes, né à New York en 1961, qui essaime en Europe et au Japon. Ben et ses amis tel Serge III jouent les partitions surréalistes anti-art et les « concerts classiques » des artistes Fluxus, La Monte Young, Nam Jum Paik, George Brecht ou Robert Maciunas, se livrant à des musiques/actions ou des happenings anti-musique (clouage de touches de pianos, destruction de violons, brûlures de partitions, etc.), tout en faisant participer le public. Les Actions d’intérieur donnent à voir ses actions ainsi que les créations personnelles de Ben telles Calmez-vous sinon on s’arrête, Regardez-moi cela suffit, Publik variation 3, Ben va secouer quelqu’un qu’il ne connaît pas dans la salle…
Ben mélange avec humour et poésie iconoclaste, le gag, les détails de la vie, dans la perspective de Fluxus, qui consiste, selon lui, ‘’à épuiser toutes les possibilités/limites du « tout est art » et en un second temps à dépasser ce « tout est art » par une attitude Non-art, Anti-art.’’. Robert Maciunas écrivait ainsi dans le manifeste Fluxus : « Purger le monde de la vie bourgeoise. Promouvoir la réalité du NON ART pour qu’elle soit saisie par tout le monde… Dissoudre les structures des révolutions culturelle, sociale et politique en un front commun ayant des actions communes »
Un programme conçu et présenté par Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff, critiques et curateurs, fondateurs du peuple qui manque.
La 10ème édition du Festival Images Contre Nature, festival international de vidéo expérimentale, se tient du 13 au 17 juillet à Marseille au Théâtre des Chartreux, 105 avenue des Chartreux, 13004 Marseille.
Tarifs 4 euros / 2 euros tarif réduit