Happening !

Jean-Jacques Lebel / Ben & Fluxus

Mercredi 5 novembre 2008 – 20h
Cinéma Le Méliès

En présence de Jean-Jacques Lebel et Jean-Michel Humeau

 

 
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« Les happenings de Jean-Jacques Lebel sont le point exact où le théâtre explose. » (Jean Paul Sartre.)

Jean-Jacques Lebel, plasticien, écrivain et grand initiateur en 1960 du happening en Europe, a conçu le happening comme subversion des structures mentales et laboratoire préparatoire des transformations politiques et révolutionnaires de son temps. C’est depuis cette perspective vitale que nous ouvrons ce cycle de films et vidéos consacré aux Insurgés du corps !

Le Happening et la politique
de Jean-Jacques Lebel
(extrait, 10’)
En sa présence

L’invention du happening (ce qui advient là, ici et maintenant), comme forme artistique spontanée et « communauté éphémère d’agitation culturelle et politique », a correspondu à une transformation des relations entre l’art et la vie, plaçant le corps au centre de l’action ainsi que l’absence de séparation entre artistes et spectateurs.
« Situations temporaires, fondées sur le désir », entre pulsion érotique et bouleversement de l’espace social, inconscient et imaginaire, les happenings de Lebel ont souvent été considérés comme des préfigurations des événements de 68.
En 1967, à Exprmtl 4, festival belge de films expérimentaux de Knokke-le-Zoutte, qui avait refusé son film, l’Etat normal, ainsi que ceux de Yoko Ono ou Pierre Clementi, Jean-Jacques Lebel organise un contre-festival avec d’autres cinéastes underground et intervient avec Yoko Ono pour l’élection de Miss Exprmtl, happening et intervention totale, qui fait exploser le festival.
Icône du mouvement de 68, qu’il a pensé, parmi d’autres, comme “le plus grand happening de tous les temps”, il en fut un des fers-de-lance, avec le Mouvement du 22 mars, et lors plus particulièrement, de la prise du théâtre de l’Odéon. Le happening ne peut ni ne veut remplacer une grève, un acte sexuel ou une psychanalyse ; il n’est pas spectacle mais rêve collectif. Pour appréhender une telle expérience, il faut accomplir une expérience qui fasse sauter les portes de la perception, écrivaient Jean Jacques Lebel, Carolee Schneemann, Jocelyn de Noblet, Daniel Pomereulle et Erro en 1964.

He ! Viva Dada
de Jean-Michel Humeau
(1965, 39min)
En sa présence

Précédé d’un film-surprise inédit

« Du happening à la pantomime, toutes les formes d’un art total ont été successivement essayées. (…) nous avons pensé que ces documents restaient une preuve de notre génération d’en finir avec les tabous, les faux semblants, le caca de notre société. Le témoignage d’un poète Allen Ginsberg nous a paru nécessaire pour éclairer de l’intérieur cette démarche proche de celle d’Artaud ou de Michaux et qui, à travers ce gâchis, cet éclatement des structures morales vise un art total pour un renouveau de l’homme. »
Magnifiquement filmé par Jean-Michel Humeau, « Hé ! Viva Dada » est un compte-rendu du deuxième Festival de la libre expression, « laboratoire des sensations », organisé par Jean-Jacques Lebel au Centre américain des Artistes, boulevard Raspail, en mai 1965.
Happenings et pièces signés Fernando Arrabal, Roland Topor, Alejandro Jodorowsky, Charlotte Moorman, et le fameux Déchirex, de Jean-Jacques Lebel, « bacchanale de la nudité, des spaghettis, et de la poésie » ! (Distribution Le peuple qui manque)

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Puisque la musique peut tout se permettre car tout est musique, il faut tout changer. Il ne faut plus placer les instruments aux mêmes endroits. Il ne faut plus faire les mêmes sons. Il ne faut plus faire de son du tout. Il faut courir après le pianiste. Il faut que les musiciens se cachent dans les arbres. Il faut faire jouer les spectateurs. Il faut que les musiciens jouent en marchant. Il faut attacher et bâillonner le public. Il ne faut rien faire. (Tout) Ben, Il faut que la musique change, 1966

Actions d’Intérieur
de Ben Vautier
(1959-1972, 20’)

Le plasticien Ben, célèbre aujourd’hui pour ses écritures et ses slogans poétiques inspirés du quotidien, enregistre avec sa caméra, dès 1959, ses actions d’intérieur, ses spectacles de Théâtre total et ses concerts à Nice.
Il y accueille, en 1963, la tournée de Fluxus, groupe mythique d’artistes, né à New York en 1961, qui essaime en Europe et au Japon. Ben et ses amis tel Serge III jouent les partitions surréalistes anti-art et les « concerts classiques » des artistes Fluxus, La Monte Young, Nam Jum Paik, George Brecht ou Robert Maciunas, se livrant à des musiques/actions ou des happenings anti-musique (clouage de touches de pianos, destruction de violons, brûlures de partitions, etc.), tout en faisant participer le public. Les Actions d’intérieur donnent à voir ses actions ainsi que les créations personnelles de Ben telles Calmez-vous sinon on s’arrête, Regardez-moi cela suffit, Publik variation 3, Ben va secouer quelqu’un qu’il ne connaît p as dans la salle
Ben mélange avec humour et poésie iconoclaste, le gag, les détails de la vie, dans la perspective de Fluxus, qui consiste, selon lui, ‘’à épuiser toutes les possibilités/limites du « tout est art » et en un second temps à dépasser ce « tout est art » par une attitude Non-art, Anti-art.’’. Robert Maciunas écrivait ainsi dans le manifeste Fluxus : « Purger le monde de la vie bourgeoise. Promouvoir la réalité du NON ART pour qu’elle soit saisie par tout le monde… Dissoudre les structures des révolutions culturelle, sociale et politique en un front commun ayant des actions communes »

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Textes et programmation : Kantuta Quiros & Aliocha Imhoff