Skip to main content
search

Sorry, this entry is only available in Français.

Écologies post-artistiques

Où: maison des arts de Malakoff : centre d’art contemporain de Malakoff

105 Av. du 12 Février 1934, 92240 Malakoff

Quand: mars & avril 2025

Une proposition d’Aliocha Imhoff (Paris VIII) & Kantuta Quirós (Paris I)
Partenaires et soutiens: Université Paris I – EAS ACTE (Axe Plasticités), Université Paris VIII – AIAC/TEAMeD & département Arts Plastiques, le peuple qui manque
Entrée libre dans la limite des places disponibles

A l’aune de la crise climatique globale et de ce tournant cosmologique, la notion d’institution d’art appelle à une urgente et complète refonte. Les pistes de travail visant à à écologiser les institutions et faire de l’espace de l’art une répétition générale pour une bascule terrestre se sont depuis quelques années, multipliées, du tournant éco-assembléiste de l’art à la permacircularité muséale, de l’éco-pédagogie critique aux spiritualités radicales des éco-féminismes, tandis que les appels plus amples à bifurquer ou à déserter s’intensifient encore. Quels sont désormais les contours de ce tournant et de ces pratiques qui doivent, d’un côté, leur condition de possibilité et d’usage à l’art « sans en relever pour autant » - ce que l’on appelle « post-artistique » - et qui, de l’autre, tendent à faire bifurquer les institutions et les musées comme fonction, à rebours d’une nécropolitique muséale et d’une esthétique fossile ?

Mercredi 5 mars 2025 – 16h-19h

Fermes post-artistiques & fermentations sociales

Faire bifurquer les lisières des institutions artistiques invite aujourd’hui à les faire fuir depuis des modèles de contre-pratiques institutionnelles, telle que peut en constituer la ferme artistique.
Avec
Léa Muller, artiste (en présentiel)
Vivien Sansour, artiste, conteuse, chercheuse, fondatrice de la Palestine Heirloom Seed Library (en distanciel)
Kathrin Böhm, artiste, co-fondatrice de Myvillages (en distanciel)
Avec traduction simultanée vers le français

Mercredi 12 mars 2025 – 16h-19h

Éco-démocraties

Que ce soit par des processus néoconstitutionnalistes où des assemblées constituantes ont octroyé des droits juridiques à la Terre Mère, ou par la proposition théorique d’élargissement des parlements à une représentation des non-humains, nombreux sont les gestes qui cherchent à donner une représentation au vivant. Le tournant éco-assembléiste de l’art propose, quant à lui une scène d’essai, d’ajustement et de réajustement pour les formes d’éco-démocratie à venir.
Avec
Jonas Staal, artiste (en distanciel)
Avec traduction simultanée vers le français

Mercredi 19 mars 2025 – 16h-19h

Musées permacirculaires

Pourrait-on réimaginer les institutions d’art depuis un programme de muséologie éco-décoloniale d’un côté et de permacircularité, de l’autre, celle-là même qui cherche à déplacer le tropisme muséal de la « conservation » pour un programme plus en phase avec l’extinction en cours du monde vivant ?
Avec
Stéphane Verlet-Bottéro, artiste, écologue et curateur (en présentiel)
Thomas Carnegie Jeffery, curateur, philosophe (en distanciel)
Avec traduction simultanée vers le français

Mercredi 26 mars 2025 – 16h-19h

Institutions post-artistiques

Quelles seraient les formes possibles de ces institutions à venir, ou plutôt de ces post-institutions, dont le fonctionnement serait « aussi étranger à l’art contemporain que l’art contemporain et ses institutions le sont à ceux de la Renaissance » ?
Avec
Stephen Wright, théoricien de l’art, directeur du Künstlerhaus Stuttgart (en présentiel)
Marianna Dobkowska, directrice du Ujazdowski Castle Varsovie, membre du bureau des services postartistiques (en distanciel)
Avec traduction simultanée vers le français

Mercredi 2 avril 2025 – 16h-19h

Post-plantation & Fossil Free Culture

L’artiste et chercheuse Imani Jacqueline Brown appelle « continuum de l’extractivisme », l’indissociable financement de l’art et de la culture par des multinationales pétrochimiques. Comment alors amorcer une culture libérée des énergies fossiles et du white cube comme « trompe l’oeil – un lieu prétendument inclusif incapable de s’en prendre réellement à l’appareil privé de soutien de l’art » ?
Avec
Renzo Martens, artiste (en distanciel)
Imani Jacqueline Brown, artiste, activiste et chercheuse (en distanciel)
Avec traduction simultanée vers le français

Samedi 12 avril 2025 – 16h-19h

Spiritualités éco-féministes & rituels post-séculaires

Les spiritualités écoféministes, les cosmogonies et les luttes décoloniales cherchent à penser ce que voudrait dire décoloniser l’invisible, après plusieurs siècles de sécularisation. Des histoires impures qui mêlent sorcières, dragons souterrains, déesses, fantômes, énergies, esprits et mondes invisibles.
Avec
Yuna Visentin, autrice (en présentiel)
Mohamed Amer Meziane, philosophe (en distanciel)

À rebours de celleux qui réaffirmeraient aujourd’hui, l’inutilité de l’art comme dernier rempart contre la mise au service capitaliste de tout ce qui peut prendre forme, la pratique artistique et les projets des institutions s’envisagent plutôt de concert avec ce programme plus ample, celui de répéter les gestes préparatoires pour une bascule terrestre. Les centres d’art et les musées, en tant qu’espaces liminaires entre ce qui est et ce qui pourrait être, sont à cet égard, des armes puissantes. Ce caractère instable permet d’ores et déjà de composer, corriger, revenir en arrière, bifurquer, expérimenter des hypothèses et composer les mondes que nous souhaitons voir se réaliser.

Néanmoins, les formes des institutions d’art actuelles semblent désormais parfaitement inadaptées au développement de ces pratiques. La documenta fifteen (2022), édition qui aura pu soutenir un modèle translocal de l’art basé sur de multiples initiatives sociales et community-based depuis le sud global, en désactivant ainsi l’idée d’exposition comme destination pour l’art, marquait à la fois une rupture importante dans l’écosystème existant de l’art autant qu’elle confirmait l’incompatibilité entre formes des institutions existantes et lieu de l’art.

Le théoricien de l’art canadien Stephen Wright avait pu anticiper cela dès 2001 qualifiant cette incompatibilité « d’art déceptuel »1: une manière de présenter l’art de manière désactivée, arrachée au contexte et au processus qui lui conférait son sens, devenant une forme « involontaire » d’art conceptuel. Quelles seraient les formes possibles de ces institutions à venir, ou plutôt de ces post-institutions, tant celles-ci ne seraient pas amenées à répondre aux contours préexistants du terme depuis lesquelles elles émaneraient, comment faire bifurquer le musée comme « fonction »2 ? Le fonctionnement de ces institutions nouvelles, ainsi que l’identifie encore le curateur Grégory Castéra, est amené à devenir « aussi étranger à l’art contemporain que l’art contemporain et ses institutions le sont à ceux de la Renaissance »3. Plusieurs voies nous permettent désormais de penser les contours de musées perma-circulaires (Stéphane V. Bottéro) et d’une muséologie écodécoloniale (Thomas Carnegie Jeffery).

Avec ce terme post-artistique, nous entendons ici nous rattacher à cette tradition associée au théoricien polonais Jerzy Ludwiński, lequel entendait, par ce terme, non pas prédiction de la chute de l’art tel que nous le connaissons, mais faisait plutôt référence à ces moments où l’art s’élargit à la politique, l’agriculture, l’économie, les sciences sociales. De manière plus contemporaine, le théoricien de l’art Stephen Wright, reprenant cet héritage, postule un vaste champ de pratiques « doivent leurs conditions de possibilités et d’usage à l’art, sans en relever pour autant », un vaste champ de pratiques qui, pour les institutions de l’art, ne relèvent pas de l’art, à ceci près que ces mêmes institutions pourraient reconnaitre qu’elles ne sont, pas, pas de l’art (it’s not not art). Ces pratiques post-artistiques pourraient s’envisager sur le modèle de la permaculture : l’art contemporain devient compost, il se décompose mais devient « une sorte d’ingrédient, en composant, en une série de compétences, énergie, histoire, récit, références, inférences »4, tandis que ces ingrédients, ces composants, ces histoires, ces techniques, sont l’humus des formes sociétales à venir.

Dans un moment, où les artistes bifurquent, désertent, marronnent ou suspendent, ce cycle de conférences investigue les contours des écologies post-artistiques autant qu’il cherche les voies possibles pour un nouveau genre d’institutions possibles.

Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós

Biolines

Léa Muller est née en 1987 à Strasbourg. Elle vit à Bourg-des-Comptes et travaille à Saint-Jacques-de-la-Lande. Léa Muller pose un autre regard sur le territoire qui l’entoure et développe des outils d’appropriation et de lecture du paysage. Elle forge avec conviction un positionnement sur la façon dont on façonne nos territoires : aménager moins et comprendre mieux, construire avec un souci aigu de ce qui préexiste et de la ressource, développer une sensibilité pour les paysages ordinaires, prêter attention au vivant, concevoir le paysage comme la matérialisation concrète et visible de notre rapport au monde. Dans un souci d’ancrage, de transformation concrète d’un modèle de société, Léa Muller développe un projet de sylviculture douce et de transformation directe sur ses parcelles de forêt à Bourg‑des-Comptes ((35)).

Vivien Sansour est artiste, chercheuse, autrice. Elle réalise des installations, des images, des croquis, des films, fait usage de sols, de semences et de plantes, donne vie à des récits culturels anciens et plaide pour la préservation des semences et la protection de l’agrobiodiversité. Vivien a fondé la Palestine Heirloom Seed Library en 2014, où elle travaille avec des agriculteurs en Palestine et dans le monde entier pour préserver les semences ancestrales et les connaissances bioculturelles. Son travail d’artiste, d’universitaire et d’écrivain a été présenté à l’échelle internationale. Vivien a récemment été Distinguished Artistic Fellow in Experimental Humanities au Bard College, et est actuellement directrice exécutive de la Palestine Heirloom Seed Library.

Myvillages a été créé en 2003 en tant que collectif d’artistes pour remettre en question la domination culturelle de l’urbain en prêtant attention au rural. Depuis vingt ans, Myvillages relie des communautés, des individus et des espaces en utilisant l’identifiant non national et translocal du « rural », qui peut être un état d’esprit, une certaine pratique ou une identité partagée. Comment pouvons-nous utiliser ce terme pour désurbaniser l’art et rompre avec les modes traditionnels du regard urbain ? Nous considérons que notre travail s’inscrit dans la lignée des pratiques féministes anti-oppression, perturbant les traditions européennes d’hégémonie culturelle urbaine et la domination de la propriété foncière patriarcale, explorant les réalités rurales dans différentes constellations et à différentes intersections, créant un espace commun pour les connaissances localisées et basées sur la terre, et (re)connectant les compétences tout au long du chemin. Grâce à des collaborations translocales, Myvillages favorise un nouveau dynamisme dans la compréhension et l’engagement avec le rural, non pas comme une nostalgie ou une toile de fond lointaine, mais comme un terrain culturel actif pour l’opération artistique et l’enquête critique.
Le travail fait place à une ruralité multivocale, qu’il s’agisse d’un livre, d’un village, d’infrastructures à long terme ou d’une exposition. Par exemple, l’International Village Shop (2006-en cours) vend des produits à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, et les mentalités rurales sont enracinées et déracinées dans des œuvres telles que Former Farmland (2007-9), Vorratskammer/Pantry (2010-11), Company Drinks (2014-en cours), et the Rural School of Economics (2020-en  cours). Le monde rural est très présent dans les villes, même si on ne le voit pas. Lors de la quinzième édition de la Documenta, Rural Undercurrents (2022) à Kassel a reconnu le potentiel des connaissances rurales pour l’action collective. Nous travaillons avec des communautés rurales, des migrants et des groupes d’intérêt ; le travail est toujours collaboratif et coproduit, chacun est un apprenant et un enseignant. En 2017, nous avons créé un fond d’écran Myvillages qui répertorie toutes les communautés rurales avec lesquelles nous avons travaillé.
Myvillages a auto-publié Learn to Act (2017) et Rural Life in Hamar, Ethiopia (2022), et nous avons édité The Rural (2019) pour la Whitechapel Gallery. Depuis 2007, Jap Sam Books est notre partenaire d’édition. Myvillages a exposé internationalement à la Kunsthalle Bratislava, au Guangdong Times Museum, à la Galerie für Zeitgenossische Kunst Leipzig et au Van Abbemuseum d’Eindhoven, pour ne citer que quelques lieux.

Jonas Staal est un artiste dont le travail traite de la relation entre l’art, la démocratie et la propagande. Il est le fondateur de l’organisation artistique et politique New World Summit (2012-en cours). Avec Florian Malzacher, il codirige le camp d’entraînement Training for the Future (2018-en cours), et avec l’avocat des droits de l’homme Jan Fermon, il a initié l’action collective Collectivize Facebook (2020-en cours). Avec l’écrivaine et avocate Radha D’Souza, il a fondé The Court for Intergenerational Climate Crimes (2021-en cours) et avec Laure Prouvost, il est co-administrateur de l’Obscure Union.
Ses projets d’exposition comprennent le Museum as Parliament (avec l’Autogestion démocratique du Rojava, Van Abbemuseum, Eindhoven, 2018-en cours), We Demand a Million More Years (Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin, 2022), Extinction Wars (avec Radha D’Souza, Gwangju Museum of Art, 2023) et Propaganda Station (Musée d’art contemporain, Zagreb, 2024). Ses projets ont été largement exposés dans des lieux tels que le Cooper Hewitt Smithsonian Design Museum à New York, le V&A à Londres, le Stedelijk Museum à Amsterdam, le M_HKA à Anvers, le Centre Pompidou-Metz et le Nam June Paik Art Center à Séoul, ainsi que la 7e Biennale de Berlin, la 31e Biennale de São Paulo, la 12e Biennale de Taipei et la 14e Biennale de Shanghai. Parmi ses publications figurent Propaganda Art in the 21st Century (The MIT Press, 2019) et Climate Propagandas : Stories of Extinction and Regeneration (The MIT Press, 2024). Staal a terminé sa recherche doctorale sur l’art de la propagande dans le cadre du programme PhDArts de l’Université de Leiden, aux Pays-Bas.

Stéphane V. Bottéro est artiste et parfois curateur. Il travaille aux croisements de la pratique sociale, de l’installation, de l’écriture et du jardinage. Avec une formation en sciences de l’environnement, il s’intéresse à aux liens entre communauté, matérialité, corps et lieu. Basée sur des recherches in situ et des interventions de longue durée, sa pratique explore les pédagogies de la réparation. Il a co-initié la plateforme collaborative School of Mutants à Dakar en 2018. Son travail a été exposé dans des biennales, des musées et des festivals, notamment : ZKM, Karlsruhe ; 4e Biennale Autostrada ; Centre Pompidou Metz ; 12e Biennale de Berlin ; 14e Biennale de Dakar ; RAW Material Company, Dakar ; 12e Biennale de Taipei ; 7e Triennale d’Oslo ; Le Lieu Unique, Nantes ; Het Nieuwe Instituut, Rotterdam ; Sheffield DocFest.

Thomas Jeffery est conservateur principal au Musée sud-africain de la littérature d’Amazwi. Il est titulaire d’un doctorat en éducation avec une spécialisation en muséologie. Ses recherches portent sur la décolonisation des musées en période de crise socio-écologique. Il privilégie une approche éco-décoloniale de la muséologie, fondée sur l’idée que la justice sociale et la justice écologique sont intimement liées. Cette perspective émerge des résonances entre la muséologie décoloniale et l’écocritique littéraire postcoloniale, entre autres domaines de recherche.

Stephen Wright est un théoricien de l’art. Ses écrits se sont principalement concentrés sur la politique de l’usage, en particulier dans les contextes de pratiques collaboratives et extradisciplinaires avec des coefficients d’art variables. Ses recherches visent à comprendre le tournant usologique en cours dans l’art et la société en termes de théorie et de pratique escapologiques contemporaines. En 2004, il a organisé The Future of the Reciprocal Readymade (Apexart, New York), en 2005 In Absentia (Passerelle, Brest), en 2006 Rumour as Media (Aksanat, Istanbul) et Dataesthetics (WHW, Zagreb). Il est l’utilisateur fondateur du blog collectif n.e.w.s., northeastwestsouth.net. Il a été enseignant à l’EESI (Angloulème) et dirige depuis peu le centre d’art Künstlerhaus de Stuttgart avec Tamarind Rossetti.

Marianna Dobkowska est curatrice et historienne de l’art, directrice depuis 2024 du Château Ujazdowski à Varsovie. Co-fondatrice de l’Office for Postartistic Services, elle envisage la pratique curatoriale comme manière d’établir des relations et favoriser des situations (souvent basées sur des collaborations internationales à long terme) réunissant des pratiques issues des domaines des arts visuels et des arts de la scène, de l’architecture et de la culture. Parmi ses projets curatoriaux, mentionnons Re-Directing : East seminars (2011-2020), exposition à la National Gallery of Indonesia à Jakarta Social Design for Social Living (2016), exposition-rencontre Gotong Royong. Things We Do Together (2017-2018). Elle est rédactrice en chef de Things We Do Together. Post-reader (Mousse Publishing et Ujazdowski Castle, 2020). Avec Sebastian Cichocki, Bogna Stefańska et Jakub Depczyński, elle a assuré le commissariat de Konteksty. Postartistic Congress (2021) et Postartistic Soft Seminar (2023) à Sokołowsko, en Pologne (2021). En 2023, elle a assuré le commissariat avec Sebastian Cichocki Postartistic Assembly-Polish Pavilion à la Biennale de Gwangju. Elle vit et travaille à Varsovie.

Renzo Martens est un artiste hollandais qui vit et travaille entre Amsterdam et Kinshasa. Renzo Martens a étudié les sciences politiques et l’art. Il acquiert une reconnaissance internationale avec les films Episode I, et Episode III: Enjoy Poverty, qui ont été diffusés dans plus de 23 pays et questionnent son rapport aux images de guerre et de pauvreté.  En 2012, Renzo Martens fonde au Congo l’Institute for Human Activities, un projet de recherche dont l’objectif est de démontrer que l’art qui critique les inégalités globales peut amener à leur dépassement. Non sur le plan symbolique, mais bien sur le plan matériel. Avec l’Institut, le Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation Congolaises (CATPC) près de Lusanga dans le sud de la République Démocratique du Congo développe une plateforme locale pour le développement de nouvelles initiatives économiques basées sur la production et la vente d’art critique qui vise à améliorer la position économique de ses membres et de leur communauté. Sur une ancienne plantation d’huile de palme d’Unilever, ils ouvrent ensemble un White Cube emblématique, conçu par OMA. Avec l’édification du White Cube, les mécanismes par lesquels les plantations soutiennent le monde de l’art sont inversés. Bénéficiant des privilèges associés au monde de l’art, le White Cube attire le capital et la visibilité nécessaires à l’invention d’un nouveau modèle écologique et économique sur place à Lusanga. Les membres du CATPC façonnent des sculpture en argile qui sont ensuite scannées en 3D et reproduites à Amsterdam en chocolat et huile de palme avant d’être exposées en galeries et musées, les ventes permettant de racheter progressivement la terre à Unilever. Ils ont à ce jour pu racheter 85 hectares de terre qu’ils transforment en espaces riches et diversifiés, écologiques et égalitaires : la post-plantation.

Imani Jacqueline Brown est une artiste, activiste et chercheuse en architecture originaire de la Nouvelle-Orléans et basée à Londres. Son travail porte sur le « continuum de l’extractivisme », qui s’étend du génocide colonial et de l’esclavage à la production de combustibles fossiles et au changement climatique. En exposant les couches de violence et de résistance qui constituent les fondements de la société coloniale, elle ouvre un espace pour imaginer des voies de réparations écologiques.

Yuna Visentin est ancienne élève de l’École normale supérieure, professeure agrégée de lettres, autrice et animatrice d’ateliers d’écriture féministes. Après plusieurs années d’enseignement et de recherches sur les rapports entre littérature et philosophie juive, elle a publié un roman et un essai sur la reproduction des oppressions systémiques à l’école. Elle publie son troisième livre en 2024, Spiritualités radicales. Rites et traditions pour réparer le monde, aux Editions Divergences. Dans cet essai, préfacé par Myriam Bahaffou, elle s’interroge sur les reconfigurations politiques émancipatrices que les relations aux invisibles peuvent rendre possibles, en explorant notamment son expérience de la tradition juive. Elle poursuit ses recherches en indépendante, en s’intéressant notamment aux traditions radicales et anarchistes juives, aux féminismes juifs, aux pensées et aux luttes écoféministes et décoloniales – et à tout ce qui circule entre ces mondes.

Mohamed Amer Meziane est philosophe et performer. Agrégé et docteur de la Sorbonne, enseignant à Columbia University, à présent professeur à Brown University.
Auteur Des empires sous la terre (La Découverte, 2021) et de nombreux articles, il est également membre du comité de rédaction de la revue Multitudes.

Partenaires

Remerciements

L’équipe de la maison des arts de Malakoff (Aude Cartier, Julie Esmaeelipour, Léa Djurado, Frederic Courtois), l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne (Diane Watteau, Benjamin Brou, Christophe Viart, Lydie Delahaye, Riccardo Venturi, Chiara Palermo, Ingrid Luquet-Gad, Naila Fakhfakh), l’Université Paris VIII (Raphaëlle de Sousa, Thomas Levasseur) et le laboratoire AIAC/Équipe TEAMeD.

La traduction simultanée est assurée par Yves Tixier, Marguerite Capelle et Caroline Ferrard.

Footnotes

  1. Stephen Wright, « Le dés-œuvrement de l’art » [en ligne], Mouvements, La Découverte, 2001, vol. 17, no 4, p. 9‑13.
  2. Daniel Buren, « Fonction du musée », in catalogue Sanction of the Museum, Oxford, Museum of Modern Art, 1973.
  3. Grégory Castéra, « Of Attentional Environments (The Pearl Necklace) », in Philipp Dietachmair, Pascal Gielen, Georgia Nicolau (dir.), Sensing Earth: Cultural Quests Across a Heated Globe, 2023 (notre traduction).
  4. Stephen Wright, « Désactiver la fonction esthétique de l’art », conférence à école de recherche graphique, 2022