Judith Cahen / David Nebreda
Mercredi 10 juin 2009 – 20h30
Cinéma Le Méliès
Séance en présence de Judith Cahen, Alberto Sorbelli (artiste), Ruwen Ogien (philosophe)
ADN
de Judith Cahen (2005, 1h17)
« Peu de corps continuent ce que beaucoup d’esprits commencent »
Avec ADN, la réalisatrice Judith Cahen compose un portrait en creux du photographe espagnol autoportraitiste David Nebreda, qui, dans un travail de performer – sujet vivant de ses photos, pratique un ascétisme qui le mène au dessèchement et à une épure de sa chair. Un sujet devenu cellules.
Judith Cahen ne met jamais en scène sa rencontre avec l’artiste mais bien plutôt celle avec son travail photographique, d’une sidérante beauté, qui emprunte à l’iconographie religieuse, à la déchéance et à un monde schizophrénique. Telle une détective, sous les traits de son alter ego burlesque Anne Buridan, qu’elle interprète elle-même, elle part interroger ses amis (dont Vincent Dieutre, Jeanne Labrune, Matthieu Lindon, Philippe Sollers, Alberto Sorbelli, Mallory Nataf…etc.), leur demandant quel effet leur produisent les images du photographe. Judith Cahen choisit cette intermédiation, comme autant de miroirs tendus vers ce qui fait art et humanité, dans le travail de Nebreda. Interrogeant les confins de la création artistique, le film met en scène l’impact de cette rencontre sur le cinéma de Judith Cahen et sa propre démarche d’auto-représentation. « J’étais en quête du noyau dur de mon identité, et celle de mon cinéma, en miroir de la sienne, extrême et radicale (…) j’ai eu le besoin de demander aux autres d’être les « gardes fous », ceux qui m’empêchent de couler, d’être attirée par la folie, par le chant des sirènes. » Son enquête se mue bientôt en un essai passionnant et vertigineux sur la représentation, les propriétés du corps, les limites de l’identification, de soi et des autres, à partir de la confrontation de deux démarches d’autoportraits radicalement différentes et proches à la fois.
« Cinéaste, actrice, auteur de « La croisade d’Anne Buridan » (1995) et de « La révolution sexuelle n’a pas eu lieu » (1998), Judith Cahen poursuit depuis quelques années déjà un projet cinématographique de nature autobiographique, qui interroge par ailleurs les frontières très fines entre le cinéma, la danse, l’art contemporain. Etre sur des frontières, être à la frontière de disciplines, des frontières d’états de perception et d’émotion, tel est son propos. » Pascale Cassagnau, future amnesia, enquêtes sur un troisième cinéma, 2007
ADN est distribué par le peuple qui manque